Dominique COLIN

Les belles du Père Lachaise

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© Dominique COLIN 1997 - Tous droits réservés

Du 16 au 31 mai 1997
Pavillon du Verdurier
Place Saint-Pierre à Limoges

Ouvert tous les jours de 14 h à 18 h
Entrée libre
Les bras embarassés d'un énorme bouquet
Il pousse de l'épaule la haute grille en fer
Un feutre sur le chef pour seul paratonnerre
Des guenilles usées en guise de souliers

C'est un parent défunt qu'il s'en vient visiter
Ou un fils, un ami, une épouse, une soeur
Vers celui, celle-là il va sans hésiter
Sa marche est toute hâte, et son front est sueur

Les yeux portés au cap de son présent calvaire
Il grimpe, parmi les stèle il se faufile
Il s'essouffle et trébuche tant il accélère
Ce mort si peu patient qui l'attend, quel est-il ?

Enfin il stoppe net au devant d'une tombe
Les fleurs à la poitrine il dépose un genou
D'une main il ôte son chapeau couleur sombre
Qui fait blanchir le gris de l'abri en caillou

Son visage se pare d'un rouge carmin
Ses deux yeux embués et coupables se lèvent
Elle est là! Brandissant sa beauté comme un glaive
Elle est là aujourd'hui elle y sera demain

Mais elle chante aux côtés d'un autre capitaine
Proue d'un ultime navire, emblème gracile
Compagne fidèle d'un voyage immobile
Le petit homme qui vit gaspille sa peine

Il se dresse d'un coup et s'agrippe à son bras
Pose une joue trempée sur son sein tellement froid
Et gémit la question qui est tout son malheur
Qui dit: Femme pourquoi n'es-tu donc pas de chair ?
Et les arbres et le vent lui répondent en choeur:
Seule la pierre est visible de sous la terre.

                       David TAÏEB, poète