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" Délivrez-nous de ... "

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LIMOGES (Haute-Vienne)
Du 16 juin au 1er juillet 2018
Pavillon du Verdurier
Place Saint-Pierre
Ouvert tous les jours 14h-18h
16 juin: 15h-19h
1er juillet: 14h-17h

Entrée libre

 

Délivrez-nous de ...

Entre cynisme et délicatesse, violence et suavité, la série Délivrez-nous de... de Danielle Gérald, réalisée à partir d'un autoportrait de jeunesse capturé au Polaroïd, aborde, par de subtils contrastes, la question de la condition de la femme à travers des aspects aussi divers que la féminité, la transculturalité ou encore la maltraitance.

Adaptant le choix de la technique à cette thématique, Danielle Gérald a utilisé des matières et outils d'activités spontanément rattachées à l'univers féminin tels qu'un fragment de tissu, une aiguille ou encore du maquillage.

Le temps ayant laissé son empreinte sur la photographie en effaçant les traits du visage de l'artiste, celle-ci a porté une attention toute particulière à cette partie en travaillant essentiellement l'invention des expressions et des émotions, qui se révèlent souvent équivoques. Ce visage occulté, portant matériellement les marques du temps et transformé par la suite par l'artiste, apparaît telle l'image d'une métamorphose ayant pu être induite par de fortes expériences de vie comme la migration, ou encore le déracinement, thèmes auxquels Danielle Gérald est particulièrement sensible. Ce lien avec des cultures lointaines trouve une résonance plastique dans des attributs tels que les motifs végétaux tamponnés sur le visage et les membres supérieurs de La colère, qui évoquent directement des tatouages tribaux.

Les cosmétiques ainsi que les éléments rapportés agissent comme des filtres mettant en exergue et/ou dissimulant des particularismes identitaires. S'il est traditionnellement associé à la beauté et a pour principale fonction d'embellir, le maquillage n'en est pas moins un moyen de camouflage. Subterfuges permettant de masquer d'éventuelles blessures, les fards établissent une distance avec l'autre. Certains de ces visages sont occultés par des bandes qui renvoient tantôt à l'idée de cicatrices, tantôt à une sensation de mutisme imposé, celui du tabou ou encore de l'interdit. Bien qu'isolés, un grand nombre de ces corps de femmes rendent palpable une pression sociale trop forte et traduisent l'image d'une souffrance subie. Fragilité et vulnérabilité se dégagent ainsi de ces silhouettes à la posture pourtant fiére et affirmée. Presque tout autant que le visage, la peau est révélatrice des états d'âme de l'être. Ces images accordent une place prépondérante à cet organe, porteur de stigmates éloquents, ouvrant une brèche qui laisse entrapercevoir ou deviner un pan de l'histoire de la personne. La dominante de tons rouges renforce cette oscillation entre sensualité et agressivité, soumission imposée et combativité.

Marine LAPLAUD
(Historienne de l'Art)