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 Laurent VILLERET | 
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Entre le golfe du Mexique et l'océan Pacifique, l'isthme de Tehuantepec marque la séparation entre Amérique centrale et Amérique du Nord. Zone de fracture mais surtout lien entre deux océans, l'Atlantique et le Pacifique, cette bande de terre large de 130 km est marécageuse et couverte d'une dense forêt tropicale au Nord, qui contraste avec la sécheresse des pentes du Pacifique au Sud.
"Tehuantepec" en langage nahuatl, c'est la colline du jaguar, animal symbole de puissance dans les sociétés précolombiennes, totem et menace. Dans cette zone où les fortes températures sont adoucies par les vents, le jaguar est associé au soleil, lui aussi symbole paradoxal de menace et de protection.
À la manière de ces plantes possédant la faculté de suivre  le mouvement du soleil, les Héliotropes captent l'empreinte de la lumière du  Mexique. Par un procédé technique de transfert donnant au Polaroïd une allure  d'eau-forte, ces estampes miniatures nous placent dans une position de pertes  des repères et des certitudes : photographie, dessin, croquis. Comme un  carnet de note d'une traversée entre deux océans, les Héliotropes nous  emmènent dans un conte, une légende d'un pays lointain.
Entre paysages urbains et nature intemporelle, les  Héliotropes déjouent les clichés d’une photographie qui ne serait que  répétition du passé ou invention permanente du présent.
Un peu de technique
Le procédé de transfert Polaroïd consiste à appliquer  le négatif d'un film séparable sur un  nouveau support, comme du papier aquarelle. L’image est transférée par  contact.
Le transfert d’image est possible uniquement à partir d’une photo sur film  séparable.
  Personnellement, j'utilise le Polaroïd 669 qui n'existe plus aujourd'hui.  Anticipant l'arrêt de la production Polaroïd, j'ai commencé à stocker les  derniers Polaroïd du marché, notamment à New-York. Aujourd'hui il me reste  encore quelques Polaroïd pour pouvoir continuer à faire 2 ou 3 séries.
  J'utilise le papier aquarelle Canson BFK Rives comme support. En fonction  de l'humidité et de la texture du papiers, on obtient un rendu plus ou moins  net, plus ou moins aquarellé. Entre photo et dessin.