" Bourriquet "
Il y a quatre
ans maintenant, l'arrivée d'un enfant dans une vie, la prise de conscience de
cet état d'amour inconditionnel inné... l'arrivée de ma fille Anna.
Maman photographe passionnée de l'univers de l'enfance et de la photographie
d'enfants, j'ai souhaité faire vivre en images la complicité qui existe
entre une enfant et son doudou. Cela pour faire prendre vie à cette peluche,
immortaliser l'émotion du moment capté et vous faire vivre les images du
quotidien que ces deux-là offrent à mes yeux jours après jours.
Je vous offre de la poésie et de la douceur à l'état pur ... à l'état des
yeux et du cœur d'une enfant ... et de son bourriquet. Ce complice
à qui on confie tout, qui nous protège de tout, qui nous raconte des histoires
autant qu'on lui en raconte et qui garde tous nos secrets bien au chaud, car
personne ne peut nous comprendre mieux que lui !! Nous avons tous été un jour
cet enfant avec une peluche, un doudou ou tout autre objet qui nous rassure et
nous donne confiance, avec l'innocence, la naïveté qui est propre au statut d'un
enfant.
Parler d'un début de processus de
création dans mon cas ou dans cette série photographique qui vous est présentée
aujourd'hui n'aurait pas de sens. Toutes ces images sont arrivées tellement
naturellement et ont constitué d'elle-mêmes « une série ».
J'ai commencé par figer une photo de ma fille et Bourriquet pour le faire-part
de naissance et à m'y attarder et reprendre toutes les images prises les jours,
les semaines et les mois qui ont suivi, cette peluche est toujours sur un petit
coin de papier glacé comme posée là par évidence. Avec l'autonomie qu'Anna
a prise en grandissant, elle a d'elle-même emmené cette peluche partout, elle
lui fait vivre ses émotions, ses frustrations, ses rêves, ses vacances et ses
contes de fées, je n'ai toujours été que l'outil qui toujours discrètement
fige les images pour les proposer aux yeux du monde... Petite j'ai été bercée
par l'histoire d'Émilie Jolie (de par mon prénom), ses conversations avec le
hérisson, l'autruche et même le caillou... Comment ne pas proposer à ma propre
fille un monde à rêver, son monde imaginaire, ne pas lui offrir comme livre de
chevet le Petit Prince de Saint-Exupéry et lui raconter que lui rêve de mouton,
de renard apprivoisé et que « l'essentiel est invisible pour les yeux
», comme il est dit dans le livre. Que les yeux du cœur sont suffisants pour
être heureux dans la vie.
Je ne pense pas à la fin de mon
projet, c'est sans doute un projet au long cours... tant que ma fille me
permettra de continuer à être l'observatrice et à vous proposer les images de
ses yeux d'enfant à votre cœur d'adulte. Je souhaite simplement et
humblement que ces quelques clichés puissent nous transporter des années en
arrière pour nous replonger dans ce que nous étions enfants, avec tous nos rêves,
nos espoirs et nos amitiés imaginaires, le but de ces quelques images aura été alors rempli.
Si je pouvais souhaiter être lauréate
de ce concours prestigieux, j'aimerais figer cette série dans un livre qui
puisse être à destination des enfants et des photographes rêveurs. Parce que
dans la vie... il y a aussi la tendresse, la douceur, la complicité, et les yeux
d'un enfant... Jean-Jacques Rousseau disait que « le monde de la réalité a
ses limites; le monde de l'imagination est lui sans frontières »,
alors Mesdames, Messieurs, prenez le temps de laisser votre regard d'enfants
reprendre le dessus et rêver quelques instants.
Émilie Masson |